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Page:Gaston Phoebus - La Chasse, J-Lavallee, 1854.djvu/21

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trône de Castille, avait pris à sa solde les compagnies de routiers, commandées par Hugues de Carbolay. Il leur devait des sommes qu’il ne savait comment payer. Il assembla donc dans la ville de Niort les seigneurs et les députés des principales communes de l’Aquitaine et leur demanda la levée, pendant cinq ans, d’un subside d’un franc par feu sur toute la province. Non-seulement les seigneurs refusèrent, mais encore ils se rendirent à Paris et vinrent porter leurs plaintes au roi Charles V, comme à leur souverain légitime ; car, bien que de fait les Anglais fussent en possession de l’Aquitaine, cependant ni le roi d’Angleterre ni celui de France n’avaient, relativement aux droits de suzeraineté, échangé les renonciations réciproques stipulées par le traité de Bretigny. Après avoir pris le temps de faire ses préparatifs, Charles V fit ajourner le prince Noir à comparaître en personne devant la Cour des pairs, afin d’y répondre aux plaintes qui s’étaient élevées contre lui. Édouard était loin de s’attendre à ce message. Il resta quelques instants pensif, puis il répondit à ceux qui le lui avaient apporté : « Nous irons voulentiers à Paris, puisque mandé nous est du Roi de France ; mais ce sera le bassinet en tête et soixante mille hommes en notre compaignie. »

Les effets ne répondirent pas à cette bravade. Un soulèvement de toute la noblesse de la Guyenne prévint les attaques du prince de Galles ; et trois années s’étaient à peine écoulées que cette province presque entière était rentrée sous la domination française. Pendant toute la lutte, Gaston s’était soigneusement tenu à l’écart. Il avait également repoussé les offres que lui avaient faites, chacun de leur côté, les rois de France et d’Angleterre. Il avait observé une parfaite neutralité. Cependant, en voyant le duc d’Anjou s’approcher du Béarn à la tête d’une armée de quinze mille hommes, enlever Saint-Sevère et assiéger Lourdes, il craignit que le comte d’Armagnac ne profitât des circonstances pour faire porter la guerre au cœur de ses États ; il se détermina à écouter les avances qui lui étaient faites par le prince français. Le duc d’Anjou