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Page:Gaston Phoebus - La Chasse, J-Lavallee, 1854.djvu/212

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les signes que j’ay dit y seront, encore loe je se qu’il sieve[1] einsi comme le giet d’une pierre plus avant que le lit n’est touzjours regardant en terre ; quar aucunefois le cerf qui orra venir le limier et les chiens, quant il part de son lit, ne s’en ira mie tout droit avant ; quar par aventure il fuyra ou à l’un costé ou à l’autre ou arrière. Et pource loe je quil le dresse un pou plus avant du lit ; quar se les chiens estoyent descouplez sur le lit et il fuyoit arrière ou de costé, les chiens qui ont grant voulenté au partant des couples yroient avant, et le cerf fuyroit arrière ou de costé ; ainsi faudroyent à l’acueillir. Et quant il verra que c’est son droit et hara suy[2] une piesse plus avant que le lit dont doit il lier son limier et corner et huer pour chiens et abatre et descoupler ; quar sans veoir en terre que ce soit son droit, aucuns autres juenes cerfz pourroient bien estre venus demourer d’autre pays en sa suyte, si pourroit il bien faillir à leissier courre son cerf. Et aucunefois sont bien deux cerfs ensemble, de quoy le grant cerf baille, comme j’ay dit dessus, le plus juene eux chiens, et le grant ira demourer un pou plus avant. Dont doit regarder le vallet qu’il ne leisse courre fors que au plus grant. Et quant il ara descouplé ses chiens, encore loe je qu’il chasse menée[3] à tout son limier einsi comme le tret d’une arbaleste ; quar aucunefois autres cerfs et biches pevent bien estre au meisme pays, et les chiens les pourroient bien accueillir : pour ce doit il chasser à tout son limier. Et s’il voit que les chiens heussent acueili le change, il doit demourer tout coy sur ses routes, et faire ilec ses brisées et fort huer quant qu’il pourra, et les veneurs aydes et vallez doyvent brisier les chiens en eulz menassant et disant : Hou ! hou ! ci ! ci ! à la hart !

  1. Sieve, suive.
  2. Suy, suivi.
  3. Chasse menée, qu’il chasse sur la voie où vont le cerf et les chiens. Cette expression est ainsi expliquée par Gaston Phœbus, ch. xliv : « Et puis se mete après, et chevauchier menée : c’est à dire par où les chiens et le cerf vont. »