Page:Gaston Phoebus - La Chasse, J-Lavallee, 1854.djvu/323

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Chapitre soixante-dix-huitième.
Ci devise comment on puet trère au sueill les bestes noires.


Aussi puet-il trère aux bestes noires au sueill. Et doit regarder et cerchier par les forests et par les buissons, sus les ruisseauls, graves, mares, marrhiès et autres lieux moulz, s’il y ha sueillz qui soient hantés de sanglers, ou d’autres bestes noires ; quar, comme j’ay dit devant, c’est leur nature que de soiller. Et quant il verra en aucun lieu où les bestes haront bien hanté et venu soiller souvent, il doit fère au dessoubz du vent par où il voit que les bestes vienent au sueill, quar voulentiers vienent au sueill quant ils revienent de leurs menjures, sus quatre fourches aucune mote de terre, ou une souche du hault de deux piez près du sueill, à un bon giet de palet ; et là doit il venir deux lieues[1] devant le jour et que la lune soit levée et dure jusques tant qu’il soit jour. Lors doit il monter sus sa mote ou souche et avoir l’arc apareillé, et atendre einsi jusques tant qu’il soit jour ; si verra venir di-

  1. La lieue de pays était généralement l’espace qu’un homme à pied peut parcourir en une heure ; aussi Gaston prend-il ici le mot lieue pour équivalent du mot heure.