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Page:Gaston Phoebus - La Chasse, J-Lavallee, 1854.djvu/38

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durèrent jusqu’à la nuit ; et quand le roi voulut se retirer, Gaston couronna la journée en offrant de riches présents aux personnes qui étaient venues à cette fête. Il donna en cette circonstance plus de soixante chevaux de bataille, palefrois ou mulets tout harnachés[1]. Les héraults du roi et ses ménétriers reçurent deux cents couronnes d’or.

Au milieu de ces plaisirs les affaires sérieuses ne furent point oubliées. Le roi eut en particulier de longues conférences avec le comte de Foix. Celui-ci n’avait plus d’héritier en ligne directe. Ses États devaient passer à un collatéral, Matthieu de Castelbon, son cousin, dont il croyait avoir à se plaindre. Il préféra laisser, après sa mort, ses domaines au roi. Il lui en fit donation. Le roi, de son côté, s’engagea à lui payer cent mille francs d’or ; à lui assurer la jouissance viagère du comté de Bigorre, que, toutefois, le roi aurait le droit de reprendre pour une somme de cinquante mille francs, dans le cas où ce comté devrait être cédé au roi d’Angleterre avec lequel on était en négociations pour conclure une paix définitive. Le jour où ce traité fut signé, Gaston eut encore l’honneur de dîner avec le roi, puis le lendemain il partit pour Mazères afin de se préparer à l’y recevoir ; et il sut dépasser en cette occasion tout ce qu’on attendait de lui.

Charles VI quitta Toulouse le 7 janvier 1390. Dès qu’il eut mis le pied sur les terres du comte, il rencontra des troupeaux de moutons et de bœufs gras, conduits par des seigneurs déguisés en pasteurs ; et ceux-ci vinrent lui en faire hommage de la part de leur maître. On lui offrit aussi plusieurs beaux chevaux des haras du comte. Tous portaient des colliers avec des sonnettes d’argent. En un mot, Gaston ne négligea rien pour recevoir dignement son hôte ; aussi Charles se plaisait-il à répéter que, si le comte de Foix était un grand capitaine, il était

  1. M. Gaucheraud, page 298, dit 600 coursiers, palefrois ou mulets ; mais dans les éditions de Froissard et dans les manuscrits que j’ai consultés, il y a seulement 60.