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Page:Gaston Phoebus - La Chasse, J-Lavallee, 1854.djvu/39

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aussi le prince le plus courtois et le plus généreux de son époque.

Après le départ du roi, Gaston retourna à Orthez où il reprit son existence habituelle. La vénerie occupait alors une grande place dans la vie des princes et de la noblesse. C’était à cette époque le délassement favori, aussi n’est-il pas étonnant de trouver les historiens remplis d’évènements arrivés à la chasse. Le frère même de Gaston, Pierre de Béarn, à la suite d’une journée où il avait été obligé de combattre long-temps contre un ours, au grand péril de son corps, fut saisi d’accès de démence. Le soir, à peine était-il endormi, qu’il se levait, s’armait, tirait son épée et s’agitait comme s’il se fût défendu contre un redoutable adversaire. Cette affection, qui le jetait dans des états terribles, alla toujours en empirant jusqu’à ce qu’elle eût causé sa mort.

Olhagaray rapporte aussi qu’un des premiers comtes de Foix, Rogier II, « estant allé à la chasse du cerf avec Madame Eximène, fort content et joyeux ce jour-là, ayant couru long-temps, lassé d’une si longue corvée, l’heure du dîner passant, il se voulut refreschir ; et comme on lui donnoit à boire, ayant prins quelque morceau d’un pasté de sanglier, il tomba de son siége et, roulant les yeux en la teste, mourut sans mot dire. »

Ce fut aussi à la suite d’une partie de chasse que Gaston Phœbus rendit l’âme. Voici le récit de cet évènement tel que nous l’a transmis Froissart[1] :

« En ceste meme saison (mai 1391) mourut le noble et gentil comte de Foix assez merveilleusement. Je vous diray par quelle incidence. Vérité est que de tous esbats de ce monde souverainement il aimoit le déduit des chiens et de ce il étoit très bien pourveu ; car tousjours il en avoit à sa plaisance plus de seize cents…

» Le comte de Foix estoit en la marche d’Ortais et estoit allé jouer, ébattre et chasser ès bois de Sauveterre sur le chemin de Pampelune en Navarre, et avoit, le jour qu’il mourut,

  1. 4e Vol., ch. 27.