Ces armes sont celles de Gaston et de ses successeurs. Il est donc probable que ce livre a été copié pour un comte de Foix ; mais pour lequel ?
Gaston, mort en 1391, a eu pour héritier son cousin-germain, Matthieu de Foix, vicomte de Castelbon. En 1400, Matthieu étant décédé sans enfant, un arrêt du Parlement envoya en possession de tous ses domaines sa sœur Isabelle de Castelbon et Archambaud de Grailly, captal de Buch, qu’elle avait épousé. Ce sont eux qui ont formé la souche dont est sortie la deuxième maison de Foix. Leur fils, Jehan, leur succéda en 1413 et s’efforça de donner à sa cour l’éclat qu’avait eu celle de Gaston Phœbus. Il se montra preux chevalier, protégea les lettres, et fut renommé pour sa galanterie. Aussi Alain Chartier, à la fin de son joli poème des Deux fortunes d’amour, fait élire Jehan pour décider quelle fortune d’amour est préférable :
Une dame, quant ce vint à sa fois,
Alla nommer le bon comte de Foiz,
Sage et entier,
Très noble Jeban, de Phœbus héritier,
Et qui porte son écu en quartier,
Et qui toujours suit l’amoureux métier.
Quant on l’ouy
Ainsi nommer, chacun s’en esjouy
Comme celui qui d’honneur a jouy,
N’oncques nul d’eux sa court ne deffouy ;
En Berenguer, comte de Barcelonne, épousa, en 1150, la fille du roi Don Ramire le Moine, il voulut conserver son blason et le substitua à celui d’Aragon qui, depuis la bataille d’Alcoraz, était d’argent à la croix pleine de gueules, accompagnée de quatre têtes de rois nègres au naturel, couronnées d’or.
Les comtes de Foix descendent des anciens comtes de Barcelonne. Froissard ne s’exprime donc pas d’une manière tout-à-fait exacte lorsqu’il dit :
« En porte le comte de Foix les armes ; car il descend d’Aragon, et sont pallées d’or et de gueules. »