Page:Gaston Phoebus - La Chasse, J-Lavallee, 1854.djvu/97

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Chapitre sixième.
Du lièvre et de toute sa nature[1].


Lièvre est assés commune beste ; si ne me convient jà dire de sa faisson, quar pou de gens sont qui bien n’en ayent veu. Ils vivent des blez et autres gainhages, d’erbes, de fueilles, des escorses des arbres, de roysins et d’aucuns autres fruis. Moult est bonne bestelète une lièvre et moult ha de plaisance en sa chasse plus que en beste du monde, par v raysons, se ne fust si petite chose. L’une quar tout l’an sa chasse dure, sans en rien les esparnher et de nulle autre beste ne le fet. Et aussi les peut on chasser au vespre et au matin. Au vespre quant sont relevées ; au matin quant elles sont alées au giste et des autres bestes non ; quar, s’il pluet à matin, vous arez perdue vostre journée, et des lièvres non : l’autre, querir et cerchier[2] un lièvre est trop belle chose, espiciaument qui le fet einsi que je fais ; quar il convient que mes chiens l’aillent trouver par mestrise et querir point par point en deffaisant tout quant tant qu’elle aura fet la nuyt, dès son viander jusque tant qu’ils le facent saillir. Et ce est belle chose quant les chiens sont bons et le scevent bien fere. Et un lièvre ira bien aucune fois à son giste de son viander demie lieue, espiciaument en plain

  1. Gaston Phœbus fait le mot lièvre tantôt masculin, tantôt féminin ; il arrive même qu’il lui donne les deux genres dans la même phrase.
  2. Cherchier, chercher.