nous si on ne le comprend pas au plus tôt, continuons l’histoire des ravages causés par la violation de cette grande loi. Avant le protestantisme et la Révolution française, l’ouvrier était protégé, discipliné, secouru par les corps d’état légalement organisés. Cette magnifique tutelle a été supprimée. Le jour où elle détruisait notre antique hiérarchie sociale, la Constituante démolissait toute l’admirable organisation du travail. Le 3 septembre 1791, elle déclare qu’il n’y a plus ni jurandes, ni corporations, ni professions, arts et métiers. Dès lors l’ouvrier s’est trouvé seul, sans appui, livré à la merci du maître qui trop souvent a abusé de sa position. Le travail a été réglé et payé suivant les caprices et la cupidité des entrepreneurs et des industriels.
Les systèmes des économistes anglais sont devenus la règle commune. On n’a vu dans l’ouvrier qu’une force ; une force à exploiter pour la production, le plus complètement et au meilleur marché possible. On l’a fait sans pitié, même pour l’enfance, fonctionner comme une machine, le jour et une partie de la nuit[1]. Santé, vigueur, sens moral, tout s’est usé rapidement. Pour ne pas parler des pays étrangers, je dirai qu’en France les rapports des Conseils de révision établissent que dans les grands centres d’industrie, c’est à peine si l’on peut trouver dix-neuf hommes sur cent qui soient aptes au service militaire : tous les autres sont étiolés.
- ↑ Voir la discussion de la loi sur le travail des enfants dans les manufactures, etc.