Puis, quand l’ouvrier a été incapable de rapporter, on l’a jeté sur le pavé, sans autre ressource que la bienfaisance. S’il a osé l’implorer publiquement, on l’a mis en prison, avant de consentir à le gratifier du dépôt de mendicité qui, en échange d’un morceau de pain, lui confisque sa liberté. En vain la religion et l’humanité ont élevé la voix pour procurer quelque adoucissement aux fatigues du travailleur, en lui obtenant le repos du dimanche. Soit mauvaise volonté, soit connivence des gouvernements et des maîtres, soit entraînement général du matérialisme et de la concurrence illimitée, on a su rendre inutiles et les réclamations de l’Église et les prescriptions même de la loi.
À cette conduite barbare, on trouve d’honorables exceptions. J’ai hâte de le dire ; mais ce ne sont que des exceptions. Il reste vrai, en général, que l’Europe antichrétienne a opprimé le pauvre et le travailleur, en l’exploitant au profit de son égoïsme. Sous ce nouveau rapport elle a donc violé à son égard la grande loi sociale de la charité. Hélas ! elle l’a violée sous un rapport beaucoup plus grave.
XVI.
Suite.
A l’oppression physique s’est ajoutée l’oppression morale. En appelant le pauvre à la liberté, Dieu lui a donné droit non-seulement au pain qui nourrit le corps, mais encore au pain qui nourrit l’âme. Ce pain de vérité et de vertu la charité catholique le rompait