stinct fatal, mais parfaitement sûr, ont bientôt démêlé ce sentiment caché au fond des classes ouvrières, surtout dans les grandes villes. Les sociétés secrètes l’ont habilement exploité ; des utopistes l’ont réduit en système. On a prêché ce système sur tous les tons, on l’a présenté sous toutes les formes. L’application en est annoncée comme l’âge d’or de la civilisation, comme l’Eldorado des travailleurs.
Pour y arriver, que faut-il ? Une seule chose : dépouiller le riche. Dans la crainte que la conscience de l’ouvrier ne réclame, on a soin de lui apprendre que la propriété c’est le vol ; que la spoliation est un acte de justice. Si on n’ose pas toujours lui tenir ce langage explicite, on lui montre le riche comme un fainéant qui s’est engraissé des sueurs du peuple ; comme un tyran qui l’a constamment exploité, trompé ; comme un hypocrite qui feint aujourd’hui la détresse afin de laisser mourir le peuple en cachant ses capitaux. De tout cela on conclut qu’une réparation est légitimement due. Or, comme le bourgeois ne semble pas disposé à la faire spontanément et de bonne grâce, on insinue au peuple que c’est à lui-même de se rendre justice de ses propres mains.
En tout cela, comme on voit, il y a mépris des droits acquis, atteinte à la propriété ; il y a licence, par conséquent transgression flagrante d’une des lois fondamentales des sociétés chrétiennes, la loi de liberté.