de maître qui me nourrisse. Sans doute, le travail et la bonne conduite assureront ma subsistance e celle de ma famille : mais si l’ouvrage vient à manquer ; mais si ma santé se perd ; mais si la vieillesse me condamne à une longue inaction ; mais si mes économies, supposé que j’en puisse faire, viennent à s’épuiser, qui prendra soin de ma misère ? Je me verrai dans l’alternative ou de mourir de faim, ou de me vendre au maître qui voudra bien recevoir ma liberté pour prix de ma nourriture. Si tel est le terme auquel doit aboutir le présent que vous me faites, gardez-le. Je rentre dans mon ergastule ; j’aime autant conserver mes chaînes que d’être obligé de les reprendre, et de les voir imposer à ma femme et à mes enfants, après avoir joui de la liberté. »
VI.
Loi de la charité.
Tranquillise-toi , répondit le Libérateur ; j’ai tout prévu. En créant la liberté, j’ai créé la charité. Tu travailleras suivant la mesure de tes forces, et tu seras économe. Puis, si la maladie ou le manque d’ouvrage te mettent hors d’état de subvenir à tes besoins, le riche, qui est mon fermier, sera obligé de faire l’appoint de ton travail. Son superflu sera ton patrimoine ; tu pourras le réclamer en mon nom. Sous des peines éternelles, le riche sera obligé de le verser dans le sein des malheureux. Tout le bien qu’il te fera , c’est à moi-même qu’il le fera ; c’est