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pièce assez vaste, un cabinet de toilette orné de toutes les recherches du luxe le plus délicat. Une suite d’armoires d’un bois précieux, sculptées par Knecht et Lienhart et dont les battants étaient séparés par des colonnes torses autour desquelles s’enroulaient en spirales de légères brindilles de convolvulus aux feuilles en cœur et aux fleurs en clochettes découpées avec un art infini, formait une espèce de boiserie architecturale, un portique d’ordre capricieux d’une élégance rare et d’une exécution achevée ; dans ces armoires étaient serrés les robes de velours et de moire, les cachemires, les mantelets, les dentelles, les pelisses de martre-zibeline, de renard bleu, les chapeaux aux mille formes, tout l’attirail de la jolie femme.

En face se répétait le même motif, avec cette différence que les panneaux peints étaient remplacés par des glaces jouant sur des charnières comme des feuilles de paravent, de façon que l’on pût s’y voir de face, de profil, par-derrière, et juger de l’effet d’un corsage ou d’une coiffure.

Sur la troisième face régnait une longue toilette plaquée d’albâtre-onyx, où des robinets d’argent dégorgeaient l’eau chaude et froide dans d’immenses jattes du Japon enchâssées par des découpures circulaires du même métal ; des flacons en cristal de Bohême, qui, aux feux des bougies, étincelaient comme des diamants et des rubis, contenaient les essences et les parfums.