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Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 1.djvu/173

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On montait à cette terrasse, dont les pans à pic dominaient un chemin creux, par un escalier de larges dalles disjointes où prospéraient de vivaces herbes sauvages. Quatre colonnes frustes, tirées de quelque ruine antique et dont les chapiteaux perdus avaient été remplacés par des dés de pierre, soutenaient un treillage de perches enlacées et plafonnées de vigne. Des garde-fous tombaient en nappes et en guirlandes les lambruches et les plantes pariétaires. Au pied des murs, le figuier d’Inde, l’aloès, l’arbousier poussaient dans un désordre charmant, et au delà d’un bois que dépassaient un palmier et trois pins d’Italie, la vue s’étendait sur des ondulations de terrain semées de blanches villas, s’arrêtait sur la silhouette violâtre du Vésuve, ou se perdait sur l’immensité bleue de la mer.

Lorsque M. Paul d’Aspremont parut au sommet de l’escalier, Alicia se leva, poussa un petit cri de joie et fit quelques pas à sa rencontre. Paul lui prit la main à l’anglaise, mais la jeune fille éleva cette main prisonnière à la hauteur des lèvres de son ami avec un mouvement plein de gentillesse enfantine et de coquetterie ingénue.

Le commodore essaya de se dresser sur ses jambes un peu goutteuses, et il y parvint après quelques grimaces de douleur qui contrastaient comiquement avec l’air de jubilation épanoui sur sa large face ; il s’approcha, d’un pas assez alerte pour lui, du charmant groupe des deux