Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 1.djvu/296

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terribles, se roulait dans le feuillage, repoussait les masses de verdure, brisait les rameaux et avançait toujours du côté de la maison.

Déchiré et meurtri par les branches irritées, il arriva enfin au bout de l’allée. Une bouffée d’air libre le frappa au visage, et il continua sa route les mains tendues en avant.

Il rencontra le mur et trouva la porte en tâtonnant.

Il entra ; nulle voix amicale ne lui donna la bienvenue. N’entendant aucun son qui pût le guider, il resta quelques minutes hésitant sur le seuil. Une senteur d’éther, une exhalaison d’aromates, une odeur de cire en combustion, tous les vagues parfums de chambres mortuaires saisirent l’odorat de l’aveugle pantelant d’épouvante ; une idée affreuse se présenta à son esprit, et il pénétra dans la chambre.

Après quelques pas, il heurta quelque chose qui tomba avec grand bruit ; il se baissa et reconnut au toucher que c’était un chandelier de métal pareil aux flambeaux d’église et portant un long cierge.

Éperdu, il poursuivit sa route à travers l’obscurité. Il lui sembla entendre une voix qui murmurait tout bas des prières ; il fit un pas encore, et ses mains rencontrèrent le bord d’un lit ; il se pencha, et ses doigts tremblants effleurèrent d’abord un corps immobile et droit sous une fine tunique, puis une couronne de roses et un visage pur et froid comme le marbre.