Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 1.djvu/362

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Ne sachant que faire, sa pièce achevée et transcrite sur une belle feuille de papyrus avec de belles majuscules en encre rouge et des fleurons dorés, il la mit dans sa manche et sortit pour montrer ce morceau à son ami Abdul-Malek, pour lequel il n’avait aucune pensée secrète.

En se rendant à la maison d’Abdul-Malek, il passa devant le bazar et entra dans la boutique du marchand de parfums pour prendre les flacon d’atargul. Il y trouva une belle dame enveloppée d’un long voile blanc qui ne laissait découvert que l’œil gauche. Mahmoud-Ben-Ahmed, sur ce seul œil gauche, reconnut incontinent la belle dame du palanquin. Son émotion fut si forte, qu’il fut obligé de s’adosser à la muraille.

La dame au voile blanc s’aperçut du trouble de Mahmoud-Ben-Ahmed, et lui demanda obligeamment ce qu’il avait et si, par hasard, il se trouvait incommodé.

Le marchand, la dame et Mahmoud-Ben-Ahmed passèrent dans l’arrière-boutique. Un petit nègre apporta sur un plateau un verre d’eau de neige, dont Mahmoud-Ben-Ahmed but quelques gorgées.

« Pourquoi donc ma vue vous a-t-elle causé une si vive impression ? » dit la dame d’un ton de voix fort doux et où perçait un intérêt assez tendre.

Mahmoud-Ben-Ahmed lui raconta comment il l’avait vue près de la mosquée du sultan Hassan