la distance de vous à moi ne pourrait être parcourue en mille ans par un cheval de la race du prophète toujours lancé au galop ; mais l’amour rend audacieux, et la chenille éprise de la rose ne saurait s’empêcher d’avouer son amour. »
Ayesha écouta tout cela sans le moindre signe de courroux, et, fixant sur Mahmoud-Ben-Ahmed des yeux chargés de langueur, elle lui dit :
« Trouvez-vous demain à l’heure de la prière dans la mosquée du sultan Hassan, sous la troisième lampe, vous y rencontrerez un esclave noir vêtu de damas jaune. Il marchera devant vous, et vous le suivrez. »
Cela dit, elle ramena son voile sur sa figure et sortit.
Notre amoureux n’eut garde de manquer au rendez-vous : il se planta sous la troisième lampe, n’osant s’en écarter de peur de ne pas être trouvé par l’esclave noir, qui n’était pas encore à son poste. Il est vrai que Mahmoud-Ben-Ahmed avait devancé de deux heures le moment indiqué. Enfin il vit paraître le nègre vêtu de damas jaune ; il vint droit au pilier contre lequel Mahmoud-Ben-Ahmed se tenait debout. L’esclave, l’ayant regardé attentivement, lui fit un signe imperceptible pour l’engager à le suivre. Ils sortirent tous deux de la mosquée. Le noir marchait d’un pas rapide, et fit faire à Mahmoud-Ben-Ahmed une infinité de détours à travers l’écheveau embrouillé et compliqué