Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 1.djvu/461

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n’y a que les gens mal élevés qui passent par les portes ouvertes. Vous savez bien qu’on dit comme injure : « Grand enfonceur de portes ouvertes. »

Je ne trouvai aucune objection à faire contre un raisonnement si sensé, et je restai convaincu qu’en effet la présence d’Esquiros n’avait rien que de fort explicable et de très légal en soi-même.

Cependant il me regardait d’un air étrange, et ses yeux s’agrandissaient d’une façon démesurée ; ils étaient ardents et ronds comme des boucliers chauffés dans une fournaise, et son corps se dissipait et se noyait dans l’ombre, de sorte que je ne voyais plus de lui que ses deux prunelles flamboyantes et rayonnantes.

Des réseaux de feu et des torrents d’effluves magnétiques papillotaient et tourbillonnaient autour de moi, s’enlaçant toujours plus inextricablement et se resserrant toujours ; des fils étincelants aboutissaient à chacun de mes pores et s’implantaient dans ma peau à peu près comme les cheveux dans la tête. J’étais dans un état de somnambulisme complet.

Je vis alors des petits flocons blancs qui traversaient l’espace bleu du plafond comme des touffes de laine emportées par le vent, ou comme un collier de colombe qui s’égrène dans l’air.

Je cherchais vainement à deviner ce que c’était, quand une voix basse et brève me chu-