Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 1.djvu/8

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celle de l’âme ne brillait pas dans l’œil, dont la volonté, l’espérance et le désir s’étaient envolés. Ce regard mort dans ce jeune visage formait un contraste étrange et produisait un effet plus pénible que le masque décharné, aux yeux allumés de fièvre, de la maladie ordinaire.

Octave avait été, avant de languir de la sorte, ce qu’on nomme un joli garçon, et il l’était encore : d’épais cheveux noirs, aux boucles abondantes, se massaient, soyeux et lustrés, de chaque côté de ses tempes ; ses yeux longs, veloutés, d’un bleu nocturne, frangés de cils recourbés, s’allumaient parfois d’une étincelle humide ; dans le repos, et lorsque nulle passion ne les animait, ils se faisaient remarquer par cette quiétude sereine qu’ont les yeux des Orientaux, lorsqu’à la porte d’un café de Smyrne ou de Constantinople ils font le kief après avoir fumé leur narghilé. Son teint n’avait jamais été coloré, et ressemblait à ces teints méridionaux d’un blanc olivâtre qui ne produisent tout leur effet qu’aux lumières ; sa main était fine et délicate, son pied étroit et cambré. Il se mettait bien, sans précéder la mode ni la suivre en retardataire, et savait à merveille faire valoir ses avantages naturels. Quoiqu’il n’eût aucune prétention de dandy ou de gentleman rider, s’il se fût présenté au Jockey-Club il n’eût pas été refusé.

Comment se faisait-il que, jeune, beau,