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LES MURAILLES DE CONSTANTINOPLE.

C’est ce que je ne saurais dire ; mais, au bruit des sabots de mon cheval, elle releva la tête, et, sous la claire mousseline, je pus discerner un charmant visage. Sans doute, mes yeux exprimèrent naïvement et fidèlement mon admiration, car elle s’approcha du bord de la route, et, avec un mouvement plein d’une grâce timide, elle me tendit une rose prise de son bouquet.

Mon compagnon, qui venait derrière moi, me rejoignit, et elle lui en offrit une aussi par une nuance de pudeur délicate qui corrigeait ce que sa première impulsion pouvait avoir de trop libre. Je la saluai de mon mieux à l’orientale. Deux ou trois compagnes la rejoignirent, et elle disparut à travers l’épaisseur des cyprès. — Là se borne mon unique bonne fortune turque ; mais je n’ai pas oublié les grands yeux noirs aux paupières teintes de surmeh, et la rose, relique précieuse, jaunit à Paris dans un sachet de satin blanc.