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XXIX

LE BOSPHORE


Le Bosphore, de Seraï-Bournou à l’entrée de la mer Noire, est sillonné d’un va-et-vient perpétuel de bateaux à vapeur comparable au mouvement des watermen sur la Tamise ; les caïdjis, qui naguère régnaient en despotes sur ses eaux vertes et rapides, voient passer les pyroscaphes du même œil que les postillons, les locomotives des chemins de fer, et ils regardent l’invention de Fulton comme tout à fait diabolique. Il y a cependant encore des Turcs obstinés et des giaours poltrons qui prennent des caïques pour remonter le Bosphore, de même qu’il y a chez nous des gens qui, malgré les railways de la rive gauche et de la rive droite, vont à Versailles en gondoles et à Saint-Cloud en coucou ; mais ils sont tous les jours plus rares, et les musulmans s’accommodent très-bien des bateaux à vapeur. Le bateau à vapeur les préoccupe même beaucoup, et il n’est pas un café ou une boutique de barbier dont les murailles ne soient ornées de plusieurs des-