Page:Gautier - Fleurs d’orient.djvu/128

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Vois, le souffle passe par mes lèvres comme une flamme dévorante, chacun de mes cheveux pleure une goutte de sang, mes yeux sont pleins du sable du désert, et mon esprit est comme une chair brûlée vivante. Aie pitié de moi, ô Dieu clément, rends-moi Leïla ou envoie-moi la mort !

Lorsqu’il se releva, Keïs vit son père près de lui ; le prince serra son fils dans ses bras en pleurant.

— Enfant bien-aimé, lui dit-il, pardonne-moi de t’avoir fait souffrir ; je voulais ton bien, et je ne savais pas cet amour si profondément enraciné dans ton cœur. Mais je veux réparer le mal que j’ai fait : j’irai vers le chef des Nadites et, si je puis vaincre sa haine, je te ramènerai ta fiancée.

— Ah ! mon père ! s’écria Keïs, c’est aujourd’hui que vous me donnez la vie.

Le prince partit en effet pour le camp des Nadites, et Keïs attendit avec angoisse son retour ; mais il le vit revenir seul, le visage bouleversé par la colère.