Page:Gautier - Fleurs d’orient.djvu/130

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— Écoute, dit Naufel, le père de ta bien-aimée est chef d’une tribu amie de celle dont je suis le maître. Mais ma tribu est deux fois plus puissante que la sienne. J’irai vers cet homme cruel, et je le menacerai d’entreprendre contre lui une guerre acharnée, s’il ne t’accorde pas sa fille pour épouse.

— Ne jouez pas avec le cœur d’un misérable, dit Keïs, dont les yeux se mouillèrent de larmes.

Le prince l’emmena avec lui, et peu de temps après ils se rendirent ensemble au camp des Nadites. Keïs, dont le visage était inconnu, put se glisser vers le quartier habité par les femmes et atteindre la tente de Leïla.

La jeune fille était au milieu de ses compagnes, qui s’efforçaient de la distraire de sa douleur ; mais elle repoussait en pleurant leurs consolations.

— Ô vous qui n’avez jamais éprouvé les tourments de l’amour, gémissait-elle, comment auriez-vous compassion de mes maux ? Ceux-là seuls qui ont souffert peuvent me