Page:Gautier - Fleurs d’orient.djvu/157

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— Dieu vous pardonne ! s’écrie la jeune femme, en courant à elle, tout éplorée. Quoi ! l’on déchire ma réputation et vous ne m’avertissez pas !

— Calme-toi, ma fille, dit Oumm-Rouman, il est bien rare qu’une femme jeune et belle comme toi, la préférée de son époux, et qui a plusieurs rivales, échappe aux traits de la médisance.

— Par malheur, dit la visiteuse, tout le monde sait, qu’avant le mariage d’Aïchah, Safivân était amoureux d’elle, et qu’il faillit mourir de douleur, lorsqu’elle fut perdue pour lui.

— Le Prophète est-il instruit de cette horrible accusation ? demanda Aïchah.

— On ne sait, il n’en parle pas ; peut-être l’ignore-t-il, dit Oumm-Rouman.

— Oh ! si, si, il sait ! s’écria la jeune femme en se tordant les mains ; c’est pour cela que, depuis quelque temps, il me montre tant de froideur. J’ai cru qu’une autre de ses femmes détournait de moi l’amour du maître, et je demandais à Dieu la résignation ; mais main-