Page:Gautier - Fleurs d’orient.djvu/168

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Les fils du khalife s’approchèrent du corps immobile.

— Il est mort, prince des croyants.

— Et mort assassiné, dit Akim.

C’était un tout jeune homme, imberbe encore, à la joue veloutée et douce ; il était à demi nu, et, sur sa blanche poitrine, près du cœur, les lèvres béantes d’une blessure semblaient demander vengeance.

— Allah ! s’écria le khalife, je fais le serment de ne jamais laisser impuni le meurtre d’un Musulman. Celui-ci sera vengé.

Il appela les gardes du bastion, fit enlever le cadavre, et ordonna que l’on commençât sur-le-champ une enquête minutieuse, pour découvrir les traces et l’auteur du crime ; puis il continua son chemin, irrité et sombre.

La nuit venait, on y voyait à peine dans les rues étroites.

Tout à coup des plaintes et des soupirs, capables d’émouvoir le cœur le plus froid, se firent entendre.