Page:Gautier - Fleurs d’orient.djvu/19

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vêtements, inquiètes de paraître belles à celui qu’on disait si beau. Elles pensèrent aussi à avoir une contenance, un air indifférent et distrait, elles tendirent la main vers des corbeilles en bois odorant, pleines de beaux fruits mûrs, et, prenant des couteaux d’airain, commencèrent à peler lentement les pulpes tendres.

Bientôt l’esclave revint ; il souleva une portière de sparterie et s’effaça contre la muraille. Un pas nerveux sonnait sur les dalles.

Toutes les jeunes femmes, la bouche entr’ouverte, dardaient leurs regards vers l’entrée.

Joseph parut dans le cadre de la porte.

De haute taille, fier, malgré l’attitude soumise et réservée qu’il gardait, et, en dépit de son costume modeste, d’une incomparable beauté.

Son teint avait un éclat et une transparence dont le charme frappait tout spécialement les yeux accoutumés au bronze des peaux égyptiennes. Sa chevelure souple, bouclée, flottait