Page:Gautier - Fleurs d’orient.djvu/225

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— Pas tant de paroles, du sang ! dit Djémila en attaquant vivement.

Les larges lames se heurtent, se froissent, jetant des étincelles dans la nuit, les chevaux se cabrent, bondissent, enveloppés d’une buée de sueur, qui les entoure comme un nuage. Le frère et la sœur sont de bravoure et de force égales, mais elle est plus agile, plus souple.

— Misérable ! hurla tout à coup Achmet qui sent sa monture s’affaisser sous lui.

— Je n’ai pas voulu verser le sang d’un frère, dit Djémila, tu ne peux plus me poursuivre, c’est tout ce qu’il me faut.

— Que la malédiction du père et des frères s’attache à toi !

Mais les amants sont déjà loin, sauvés, libres cette fois. Ils respirent, et bientôt mettent leurs chevaux au pas.

Nériman se rapproche de sa compagne, d’un bras il lui entoure la taille, il veut lui prendre un baiser. Lentement Djémila le repousse, une ombre est sur son front, que