Page:Gautier - Fleurs d’orient.djvu/299

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mon tombeau, dit Tchouan-Tse d’un air mélancolique.

Mais il se repentit de ces paroles : de rouge qu’elle était, la princesse devint toute pâle, battit l’air de ses petites mains aux longues griffes d’or, et tomba, comme morte, sur le tapis.

Tchouan-Tse la prit dans ses bras, l’appela des noms les plus doux, et, comme elle ne répondait pas, il fit brûler de la corne d’antilope ; puis il versa de l’huile transparente dans une tasse, y jeta une pincée de musc en poudre et s’efforça à faire boire cette mixture à sa femme inanimée. Elle revint à elle, enfin, mais ce fut pour verser un torrent de larmes et accabler son mari d’une avalanche de reproches, de protestations de fidélité inébranlable, jusqu’à la mort.

— Allons, c’est bien, dit le philosophe pour clore le débat ; j’ai eu tort, tu es le modèle des épouses, ne parlons plus de cela.

On n’en parla plus, en effet. Céleste reprit sa gaieté et Tchouan-Tse ses études. Mais si ce dernier paraissait heureux, s’il montrait