Page:Gautier - Fleurs d’orient.djvu/302

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

repoussant les serviteurs qui voulaient la retenir.

Et, enjambant la fenêtre, elle fit quelques pas dans la gouttière, puis, s’aidant des genoux, des mains et des ongles, elle se mit à gravir la pente du toit, au risque de glisser le long des tuiles vernies et de s’aller rompre la tête sur les dalles de la cour. Une force nerveuse la soutenait ; elle arriva jusqu’à la crête et, s’accrochant à la chimère de bois découpé qui ornait l’un des coins du faîtage, elle put se mettre debout. C’était bien là le lieu le plus élevé et le plus dangereux de la maison, celui que l’on doit atteindre, selon qu’il est prescrit, pour rappeler l’âme envolée. Céleste se tourna vers le Nord.

— Tchouan-Tse ! reviens ! reviens, reviens ! cria-t-elle.

Et, à chaque appel, elle enflait sa voix. La dernière fois on dut certainement l’entendre à une distance de plusieurs lis. Mais l’esprit vital du philosophe avait fait déjà, sans doute, plus de chemin que cela.