Page:Gautier - Histoire du romantisme, 1874.djvu/202

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d’imprimer la pièce, et nous esquivâmes la difficulté par des considérations générales. Le Sonneur de Saint-Paul eut plus de trois cents représentations ; il fut traduit en toutes les langues et joué sur tous les théâtres. Quelques mois après, nous étions à Jaën, une ville d’Andalousie, curieusement pittoresque et sauvage, où l’on ne marche que le couteau à la ceinture et la carabine à l’épaule, et que les Maures vaincus semblent avoir abandonnée d’hier ; en allant du Parader à la cathédrale, nous aperçûmes, sur un mur qu’on eût dit crépi à la chaux par Decamps, tant la lumière de midi s’y projetait ardente, parmi de naïves et féroces annonces de corridas de toros, les affiches de spectacles de la veille et du jour. La veille, on avait joué Mérope ; le soir même on donnait el Campanero de San Pablo, du très-illustre seigneur don José Bouchardy. Sa gloire avait déjà passé par-dessus cette Sierra Morena où don Quichotte imita la pénitence d’Amadis des Gaules sur la Roche-Pauvre, et où Sancho Panza trouva la valise du fou Cardenio. La pièce avait à Jaën le même succès qu’à Paris : et certes ils connaissent en intrigues et en surprises de théâtre, ces compatriotes d’Alarcon, de Lopez de Vega et de Calderon.

Qu’on nous permette de citer ici quelques lignes écrites à propos de Prâtis le bohémien, un drame joué par Frederick, où nous résumions sous une forme légèrement ironique, mais exacte au fond, le talent de Bouchardy : « Tout cela est entremêlé de