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LA FLEUR-SERPENT

cendis dans la cabine et avec une précipitation fébrile j’ouvris les sacs. J’en tirai les provisions, les objets de toilette, que je disposai de côté et d’autre. Au lavabo je lavai mes mains, où il y avait peut-être du sang. J’ôtai ce manteau, qui m’avait si bien déguisé, et le jetai sur le lit que je froissai ; puis j’attaquai les provisions, fourrant des morceaux dans mes poches ; je bus même tout un flacon de vin. Le temps pressait, je jetai un dernier regard sur cette cabine qui semblait si bien avoir été habitée, et j’en sortis refermant soigneusement la porte. Je remontai et je parvins à quitter le navire sans avoir été remarqué. Quelques instants après le sifflet de la machine annonçait le départ. La comédie était jouée. Il fallait revenir maintenant aux plus lugubres scènes du drame.

« Je ne voulus pas prendre une barque pour retourner à la villa, le batelier eût été un témoin dangereux : il me fallait donc faire le grand tour par le fond de la baie.

« L’orage imminent rendait les routes désertes. Je fis une partie du chemin en courant, sans rencontrer personne.