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LA TUNIQUE MERVEILLEUSE.

Fleur-de-Roseau était en ce moment occupée à faire rapidement une reprise dans une vieille nappe de soie jadis blanche, maintenant toute jaune et mangée des vers.

Elle poussa un cri et se cacha vivement le visage derrière la large manche de sa robe, en voyant un homme entrer.

— « Ne fuis pas, je t’en prie, ma jolie cousine, dit Cœur-de-Rubis en s’arrêtant de l’autre côté de la table. Je suis venu en avance, dans l’intention de te parler un instant.

— Auriez-vous donc du mépris pour moi, seigneur, dit Fleur-de-Roseau toujours à l’abri des regards derrière son bras levé, que vous me parlez ainsi qu’on le fait aux femmes vulgaires et sans pudeur ?

— Je te parle simplement et avec sincérité, dit le jeune homme. Le temps me manque pour les belles phrases et les manières que commandent les usages. Sache que depuis bien longtemps mon cœur n’est empli que de toi, FIeur-de-Roseau, et que je désire savoir si tu veux bien m’aimer et approuver les projets que j’ai conçus, ou si je ne suis bon qu’à m’accrocher à quelque poteau, un cordon de soie au cou.