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LE FRUIT DÉFENDU.

dorée et ouverte de toutes parts, où le gouverneur Tchin-Tchan était assis, vêtu de jaune, immobile, imposant ; derrière lui marchaient les porteurs de lanternes, de bannières, de parasols ; le cortège entra dans la rue des Pharmaciens, et la foule se referma.

Sang-Yong avait regardé l’illustre mandarin avec un enthousiasme étrange ; quelqu’un l’avait entendu se dire tout bas, à lui-même :

— « Non, le Fils du Ciel n’en a pas de plus belle ! »

Quand le cortège eut disparu, le libraire continua de se diriger vers la dernière boutique de costumes ; il parvint à s’en approcher, après avoir tourné deux ou trois fois sur lui-même, et commença d’en inspecter l’étalage d’un air qui s’efforçait de paraître indifférent ; mais cette ruse ne trompa point le marchand.

— « Quelle est la chose que tu cherches parmi mes merveilles, dit-il, et que tu parais ne pas trouver ? Il faut croire que la chance ne conduit pas ton œil sur l’objet que tu désires. »

Sang-Yong regarda rapidement autour de lui comme pour s’assurer que personne ne l’épiait.

— « As-tu une robe jaune ? » dit-il très vite et très bas.