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ISOLINE

la main. Voyez-vous, elle a pris dans des livres des idées extraordinaires, qu’on ne peut plus lui ôter de la tête. Ah ! oui, c’est un conte de fée, un triste conte ; mais ne parlons pas trop, de peur d’aggraver les peines. »

La paysanne se leva et alla vers la porte pour dévorer les larmes qui lui rougissaient les yeux. Elle parla de son frère qui ne rentrait pas, de la pluie qui continuait à tomber et échappa à Gilbert qui voulait l’interroger encore.

— « Allons ! je m’en vais, dit-il bientôt ; au revoir, ma bonne Marie. Dites à Damont que je reviendrai. »

Il sortit sous la pluie qui tombait doucement et, au lieu de longer la rivière, il s’enfonça sous une allée d’arbres qui montait le coteau presque en face de la cabane.

Il gravit la pente au sol détrempé sans s’apercevoir qu’il marchait.

Son esprit tout à l’heure si vide, mais exalté par un reste de fièvre, avait maintenant un aliment qu’il dévorait comme aurait fait d’une proie un fauve longtemps affamé. Marie avait manqué son but en lui signalant un danger dans la possibilité de s’épren-