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TOKIO

La première fois qu’on se trouve en face d’un torié, on éprouve une impression très vive, presque religieuse, et puis on en voit tellement qu’on n’y pense plus. Le torié est une sorte de portique, toujours placé aux approches d’un temple ou d’une chapelle shintoïte. Il est formé de deux troncs d’arbres légèrement inclinés l’un vers l’autre, réunis par une traverse carrée, puis, tout au sommet, par une seconde plus large, qui déborde un peu et se retourne en toiture. C’est d’une simplicité extrême et d’une extraordinaire allure ; on devine un monument primitif, qui a traversé les âges sans s’altérer. Le mot torié, ou plutôt tori-i, signifie « reposoir des oiseaux », et dans le principe c’était un perchoir sacré : les oiseaux y venaient à l’aube, et par leurs chants, annonçaient aux dieux le lever du