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SYRIE.

déesse. — Les chrétiens de Syrie ont des solennités pareilles dans la nuit du vendredi saint ; une mère en pleurs tient la place de l’amante, mais l’imitation plastique n’est pas moins saisissante. On a conservé les formes de la fête décrite si poétiquement dans l’idylle de Théocrite. — Croyez aussi que bien des traditions primitives n’ont fait que se transformer et se renouveler dans les cultes nouveaux… Mais débarrassons-nous de ce bagage de souvenirs antiques et de rêveries religieuses où conduisent si invinciblement l’aspect des lieux et le mélange des populations, qui résument peut-être en elles toutes les croyances et toutes les superstitions de la terre. Moïse, Orphée, Zoroastre, Jésus, Mahomet et jusqu’au Bouddha indien ont ici des disciples plus ou moins nombreux. »

Un tel milieu devait plaire à Gérard de Nerval, dont le cerveau fut toujours travaillé d’idées mystiques, et qui rêvait une synthèse religieuse réduisant en un seul les cultes de tous les temps qui, selon lui, se trouvent les mêmes. Son point de vue n’était nullement