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Page:Gautier - L’Orient, tome 1, Charpentier-Fasquelle, 1893.djvu/26

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L’ORIENT.

et tout à fait classiques, un coloris mat et sans transparence, la gorge mal faite et la taille épaisse ; ce qu’elles ont de plus beau, ce sont les mains et les épaules. Quoi qu’en dise le noble poète, qui probablement avait ses raisons pour cela, les Anglaises l’emportent sur elles de toutes les manières.

Je ne comprends guère non plus l’admiration de nos gothiques pour cette ville. Il y a très-peu d’ogives ; à l’exception du palais Ducal et de Saint-Marc, toutes les fabriques sont de cette architecture que l’on ne se fait pas faute ici d’appeler rococote et perruque. L’ionique y abonde, le corinthien y est en grand honneur ; le dorique n’y est pas mal vu ; le toscan et le composite se carrent sur toutes les façades, et quelquefois tous ensemble sur la même. Les églises sont inondées de jour, enjolivées de marbre de couleur, enluminées de fresques, l’or y brille de toutes parts ; c’est un luxe mondain, une coquetterie profane, toute différente de la majestueuse gravité des cathédrales du moyen âge. Enlevez l’autel, cela aura l’air d’un salon,