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L’ORIENT.

seul, bien à tort, puisque les rajahs juchés sur ces selles fulgurantes ne sont que les serviteurs tremblants du premier Anglais en water-proof, nullement pittoresque, qui passe par là, préférant à toutes ces joailleries de Golconde le vrai diamant, le diamant noir de Cornouailles. Comment devaient être les selles de Gengiskan, d’Aurengzeb, de Timour, et des grands victorieux de l’Inde ? De quels rayons de soleil et de lune, de quels scintillements d’étoiles étaient-elles passementées et constellées, puisque les selles des vaincus offrent encore de telles magnificences ?

Parmi ces caparaçons d’un éclat éblouissant, il y en a un d’un caprice singulier, déjà tartare, presque chinois peut-être, tout papelonné d’écaillés de dragon, roses, bleues et noires, comme certains écus héraldiques. Oh ! que nous aimerions, sur un de ces chevaux blancs mouchetés de brun comme des léopards que l’on voit caracoler dans les chasses impossibles des paravents, bien assis dans cette selle qui semble faite de la peau d’une chimère, parcourir ces contrées non