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Page:Gautier - L’Orient, tome 1, Charpentier-Fasquelle, 1893.djvu/91

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LA TURQUIE.

dont on ne sait même plus les noms, et dont le voyageur étonné demande à Strabon et à Ptolémée l’emplacement hypothétique, jusqu’à Bagdad et aux confins de l’Inde. Ces civilisations éteintes, et dont les cendres se sont stratifiées par couches régulières, peuvent revivre dans ces admirables pays presque déserts aujourd’hui et qui pourraient nourrir une population supérieure à celle de l’Europe : là, comme le dit la Genèse, à la place où blanchit un sable brûlant, verdoyait le paradis terrestre et coulait le fleuve qui, au sortir du lieu de délices, se divisait en quatre branches : — le Phison, qui entoure toute la terre d’Hévilath, où naît l’or, où l’on trouve le bedellium et la pierre d’onyx ; le Gehon, qui traverse la terre d’Éthiopie ; le Tigre, qui coule du côté de l’Assyrie, et enfin l’Euphrate ! — Autrefois c’était de l’Orient que descendaient, comme d’un centre de lumière, vers les régions obscures de l’Occident, les religions, les sciences, les arts, toutes les sagesses et toutes les poésies. Il faut qu’un contre-courant salutaire ramène les ondes fécondantes sur cette terre épui-