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L’ORIENT.

large substruction en talus. Là trônait l’affreuse idole de Witziputzli à qui l’on fourrait dans la bouche, sur une cuiller d’or, des cœurs d’hommes fumants. Il y a trois cents ans à peine que cela se passait. L’humanité est vraiment longue à se civiliser et quelques expositions universelles lui sont nécessaires.

Au second étage de l’Okkel, ce caravansérail-bazar, où la foule s’arrête à regarder travailler dans leurs petites boutiques ces ouvriers arabes si gracieusement adroits avec leur outillage primitif, on remarque une porte sur laquelle est tracée cette inscription : « Le public n’entre pas ici. » C’est le musée anthropologique, une collection de plusieurs centaines de crânes, dont quelques-uns remontent à une si haute antiquité, qu’on pourrait les dire plus anciens que le monde sans trop d’hyperbole.

Dans cette collection se trouvent des caisses de momies de différents siècles, tirées de tombeaux ou de syringes qui n’ont pas été violées par les chercheurs de trésors, et lundi