Page:Gautier - L’art moderne, Lévy, 1856.djvu/47

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a détourné une partie, et les fait peser pour confondre ses calomniateurs.

Au troisième pilier, le Génie qui sert de date montre un masque ayant les traits de l’âge mûr ; au-dessus de lui, la Philosophie, les ailes à demi repliées et dépouillée de ses vêtements, se regarde dans un miroir ; elle semble méditer sur les grands problèmes de l’intelligence. Les rougeurs de l’horizon indiquent la venue du soir : l’heure crépusculaire de l’humanité a sonné.

La statue d’Aristote personnifie cette phrase de l’esprit humain qui a pour caractère l’analyse. Le type du stagyrite est austère et recueilli ; il rêve, il songe, il cherche ; quelque abstraction philosophique, quelque difficile problème l’absorbent tout entier ; son caisson nous le représente enseignant le jeune Alexandre, pour montrer par là que le plus noble emploi du philosophe est de former l’esprit de ceux qui sont appelés à conduire les peuples.

Les deux autres pans du pilier nous montre César Justinien entouré des plus illustres jurisconsultes, tels que Machiavel, Barthole, Cujas, Grotius, Puffendorf [sic] et Montesquieu ; il formule le code qui porte son nom. Rousseau, l’auteur de l’Emile, l’homme qui s’est le premier préoccupé des douleurs et des tortures de l’enfance, est assis sous un arbre ; il contemple des enfants débarrassés du maillot et souriant à de jeunes mères qui leur donnent le sein ; quelques-uns, un peu plus âgés, étudient et travaillent d’après la méthode du maître ; d’autres se reposent et jouent ou regardent des fleurs.

L’époque moderne occupe le quatrième pilier. Une grande figure de la Science se contourne dans l’angle supérieur. Courbée par l’âge, elle se penche sur un grand