le temps d’achever ses immortelles expériences.
Ces sujets font faire un triste retour sur le sort des hommes illustres : Homère, le divin aveugle, erre et mendie ; Aristote s’empoisonne pour éviter les suites des dénonciations d’un prêtre de Cérès qui l’accusait d’impiété ; Jésus-Christ est crucifié, Mahomet persécuté et fuyant, Galilée emprisonné, Lavoisier décapité ; Socrate est forcé de boire la ciguë, Phidias obligé de justifier de l’accusation de vol, Rousseau se suicide. Quant à Moïse, Dieu le traita fort rigoureusement ; il l’empêcha d’entrer dans la Terre promise, but de sa vie, objet de toutes ses espérances, et cela, pur un seul moment d’hésitation ; car le génie est aussi récompensé par Dieu que par les hommes ; et il semble que le ciel en soit aussi jaloux que la terre.
O grands infortunés ! illustres misérables ! sans être fils de Jéhovah comme Jésus, vous avez tous porté vos croix et sué vos sueurs de sang au Jardin des oliviers amers et des angoisses suprêmes ; par votre passion vous êtes devenus des dieux, vous aussi, et votre temple si longtemps attendu s’élève enfin !
Après l’exposé historique des murailles et la synthèse intellectuelle des piliers, qui sont la partie humaine de cette immense composition, viennent les grandes panathénées théogoniques, déroulées sur une frise de onze pieds de hauteur et de huit cents pieds de long, et se posant au-dessus des sujets réels comme le ciel au-dessus de l’horizon.
L’artiste philosophe suppose que de tout temps les dieux se sont conformés aux milieux dans lesquels ils se révélaient, et que leurs incarnations successives ont suivi les progrès de l’univers. Au sortir du chaos, ils sont vagues, ténébreux et formidables comme le chaos lui-même ; plus