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MAISNÉE — MALDIENT

sens du latin magis, et signifie « davantage » : N’en parlez mais, 273. Si grant doel out que mais ne pout ester, 2219. Endormiz est, ne pout mais en avant, 2520. De sun tens n’i ad mais, 3840. De vos n’en ai mais cure, 2305. Cf. mès, dans le même sens, au v. 2784. ═ 2° De là, par une légère extension, le sens assez vague de « désormais » : Quant ert-il mais recreanz d’osteier ?, 543, 566. ═ 3° Enfin, nous arrivons au sens actuel du mot mais : Li reis Marsilies... — De sun aveir me voelt duner grant masse... — Mais il me mandet que en France m’ en alge, 187. Cf. les vers 234, 1212, 1478, 1925... ═ Notons une locution importante, dont mais est un élément. Ne mais que, signifie « excepté » : Ne n’unt de blanc ne mais que sul les denz, 1934. Franceis se taisent ne mais que Guenelun, 217. Cf. ne mès que, 1309. ═ On trouve également cette locution sans que : Ne mès Rollant, 382.

MAISNÉE. R. s. f. Famille, maison (Mansionatam) : En Saraguce sa maisnée alat vendre, 1407. Si sucurez vostre maisnée, 1794. Cf. 1820, 2937. ═ Au v. 3391, le sens devient plus étendu, et maisnée est synonyme de « gent » : Li Amiralz recleimet sa maisnée, 3391. (Cinq vers plus bas, on lit : Li Amiralz la sue gent apelet, 3396.)

MAISTRE. Adj. r. s. m. ═ Ce mot n’est employé que comme adjectif dans notre texte, où il a déjà beaucoup dévié de son sens étymologique. (Magister.) Quand l’Empereur confie à ses cuisiniers, à ses cous, la garde de Ganelon : Tut le plus maistre en apelat Begun, 1818. Et nous trouvons, au vers 2939, le mot maistre employé dans une locution encore plus caractéristique : As maistres porz de Sirie. On voit, par là, combien sont anciennes, dans notre langue, ces expressions : Une maîtresse femme, un maître homme, une maîtresse ville, un maître pays, etc.

MAISUN. R. s. m. (Mansionem.) Au v. 3978, maisun est employé dans le sens d’habitation : En ma maisun ad une caitive. Mais, au v. 1817, ce mot a le sens un peu plus marqué de « maison du roi » : Si l’cumandat as cous de sa maisun.

MAJOR, MAJUR. Ce mot, dérivé du comparatif latin de magnus, n’est employé que dans une seule expression : Tere-majur ou major. On trouve majur, comme r. s. f., aux vers 818 et 952 ; major, comme vocatif s. f., au vers 1616, et comme r. s. f., au vers 600. ═ Il est d’ailleurs très-certain, contrairement à l’opinion de quelques érudits, que ce mot : Tere-major, désigne réellement la France, et c’est ce que prouve jusqu’à l’évidence le vers suivant : Tere-major, Mahummet te maldie, 1616. Ainsi parlent les païens au milieu de la bataille...

MAL. Adverbe. (Male.) Mal nos avez baillit, 453. ═ Rem. la locution mal baillir, qui signifie « mettre en un mauvais pas ». ═ Une autre expression, qui était sans doute d’un usage constant, se trouve dans l’imprécation suivante : Mal seit de l’coer ki à l’piz se cuardet, 1107.

MALBIEN. R. s. m. Nom de païen (composé probablement par fantaisie avec les mots mal et bien) : E Joïmer e Malbien d’ultre-mer, 67.

MALCUD. R. s. m. Nom de païen (Male-cogitat ?) : Ço est Malquiant, le filz à l’ rei Malcud, 1551.

MALDIENT. Verbe act. Ind. prés., 3e p. p. (Maledicunt.) Plus de XX mil humes... maldient Carlun, 2579. — Subj. prés., 3e p. s., maldie : Tere-major, Mahummet te maldie, 1616. — Part. pass. r. s. f., maldite : Tint Ethiope, une tere maldite, 1916.