égorge lâchement Amis et Amiles. (Ibid., 5884-5891.) Mais la poursuite continue, continue toujours. Par bonheur, Ogier a un admirable cheval, Broiefort, qui prend enfin son galop à travers ces cent mille hommes et sauve son maître cerné dans un château. Le Danois parvient à s’enfermer dans Castelfort : le siége de Castelfort va commencer. (Ibid, 5892-6688.) Dans ce château Ogier est seul, tout seul, et il a devant lui toute l’armée de Charlemagne. Son ami Guielin a succombé, tous ses chevaliers sont morts, et c’est l’Occident tout entier qui semble conjuré contre le seul Danois. (Ibid., 6689-8374.) Ne pouvant rien par la force, il essaie de la ruse, et il fabrique en bois de nombreux chevaliers qui étonnent l’ennemi et l’arrêtent. Malgré tout, il va mourir de faim et sort de ce château. Il en sort pour égorger l’Empereur, et essaie en réalité d’assassiner Charles, qui cependant s’est montré pour lui plein de générosité et de douceur. Mais, de nouveau poursuivi, Ogier est enfin fait prisonnier, et le voilà captif à Reims. (Ibid., 8375-9424.) Charles veut l’y laisser mourir de faim ; mais Turpin sauve le Danois, dont la captivité ne dure pas moins de sept années. L’Empereur le croit mort... (Ibid., 9425-9793.) La France cependant est menacée d’un épouvantable danger : elle est envahie par le Sarrazin Brehus : Ogier seul serait en état de la sauver, et c’est alors que Charles apprend que le Danois vit encore. (Ibid., 9794-10082.) L’Empereur tombe aux genoux de son prisonnier, de son ennemi mortel, et le supplie de sauver la France. Mais Ogier est implacable, et n’y consent qu’à la condition de tuer de sa propre main Charlot, auteur de la mort de son fils. (Ibid., 10081-10776.) Et déjà, en effet, il lève son épée sur le malheureux fils de Charlemagne, quand un ange descend du ciel pour empêcher ce meurtre. On s’embrasse, on s’élance au-devant de Brehus. (Ibid., 10870-11038.) Les Sarrazins sont battus ; Brehus est tué par Ogier, qui a vainement cherché à le convertir. (Ibid., 11039-12969.) Le Danois, décidément réconcilié avec Charlemagne, épouse la fille du roi d’Angleterre, qu’il a délivrée des infidèles. Il reçoit de l’Empereur le comté de Hainaut, et c’est là qu’il finit ses jours en odeur de sainteté. Son corps est à Meaux. » (Ibid., 12970-13042.) ═ Toute cette légende d’Ogier s’est formée en même temps que celle de Roland, et elle était presque achevée quand fut écrite notre Chanson. Mais ce sont là, notons-le bien, deux Cycles différents, et qui n’ont eu entre eux aucune communication notable. Les deux légendes se sont formées chacune de leur côté, très-indépendantes l’une de l’autre. On en peut dire autant, dans une certaine mesure, de Renaus de Montauban et de Girars de Viane. C’est ainsi, d’ailleurs, qu’il faut comprendre le mot « cycle ». ═ 4° Jean de Lanson. « Jean de Lanson est un neveu de Ganelon, un petit-fils de Grifon d’Hautefeuille : il est de la race des traîtres. Il possède
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NOTES ET VARIANTES, VERS 96