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NOTES ET VARIANTES, VERS 230

si beau rôle dans la Chanson d’Aubri le Bourgoing : Aubri lui-même est son oncle. Naimes connaît le malheur dès le berceau. Un traître, un usurpateur, Cassile, s’empare de la terre de Gasselin. Naimes échappe par miracle à ce furieux, et se réfugie en « Romanie » ; Seneheult meurt de douleur. C’est Charlemagne qui sera un jour le vengeur du bon droit, et rétablira Naimes en Bavière. De là l’affection du Bavarois pour l’Empereur. ═ Les deux Chansons où Naimes joue le rôle le plus considérable, c’est Aspremont et Acquin. Dans Aspremont, il est chargé, par le roi de France, d’une ambassade auprès d’Agolant. La reine sarrasine s’éprend de lui. Franceis, dist-elle, dites-moi vérité. — Avez moillier en ce vostre regné ? — E sunt si bel tuit li chrestienné ? Naimes répond très-dignement : Dame, dist Naymes, ne l’ai esprementé, — Mais de millor en i a grant plenté. — Se j’ai moillier, vos m’avez demandé. — Naie, ma dame, onques n’en fu pensé. — A mon signor ai tot mon cuer torné. (Ms. 2295, f° 100.) ═ Dans Acquin, Naimes est sur le point de périr dans l’île de Cesembre, et n’est sauvé que grâce au dévouement du comte Fagon. (B. N., 2223, f° 26-33.) Et cette guerre se termine par un combat singulier entre Naimes et Acquin. (Ibid., f° 51-53.) Le Bavarois est vainqueur. ═ Dans toutes nos Chansons, Naimes est représenté sous les traits d’un vieillard prudent et sage : c’est Nestor. Gui de Bourgogne dit de lui : Sa barbe se baloie jusc’au neu del’ baudré. — Par deseur les oreilles ot les guernons tornez. — Mult resamble bien prince qui terre ait à garder. (Vers 2888-2890.) Dans Aspremont, il ne cesse de donner à l’Empereur les plus généreux, les meilleurs conseils : Bien devez Deu amer et tenir chier. — Amez les povres... etc. (Éd. Guessard, p. 1, vers 51 et suiv.) Et le Prologue de ce poëme fait de lui un éloge magnifique : Tel conseiller n’orent onques li Franc, etc. (Vers 4 et ss.) ═ La mort de Naimes est racontée à la fin d’Anséis de Carthage. (B. N., 793, f° 72.) ═ Notre ms. nous offre les deux orthographes Naimes et Neimes : adopter partout la première.

═ Le couplet précédent était en un, et la présente laisse est en u. Ces deux systèmes de consonnances sont distincts et donnent lieu à deux familles de couplets. Or c’est la première fois que nous les rencontrons dans notre texte : c’est donc ici l’occasion de rectifier et de compléter ce que nous avons dit en notre Introduction au sujet de ces laisses en u, un, etc. Nous prions le lecteur de remplacer, dans notre tome I, les lignes 12 et suivantes de notre page li par les propositions suivantes, qui sont le résultat d’une étude plus approfondie. ═ Il y a ici à distinguer trois familles de couplets masculins : 1° Laisses en u (quand cette voyelle ne se diphthongue pas en ou dans la prononciation). Telles sont les laisses 64, 84, 121, 149, 155, 158, 178, 204, 268, 294, 296, où nous notons les assonances suivantes : u, ud, ui, uist, uit,