Page:Gautier - La Conquête du paradis.djvu/319

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pierreries et, à l’aide du sérich, qui est un enduit particulier, revêtus de petits miroirs triangulaires, très purs et parfaitement rejoints. En se reflétant à l’infini les uns dans les autres, ces clairs miroirs donnent cet éblouissement incroyable de diamants et de flammes.

— C’est admirable ! dit Kerjean qui alla tâter la muraille du bout des doigts ; on a peur de se brûler en y touchant.

Le hadjib présenta à Bussy une clef d’or, et attira son attention sur un coffre d’ébène sculpté, posé sur un socle de velours :

— Daigne ouvrir cette boîte, dit-il, elle mérite un de tes regards.

Le marquis s’approcha du coffre. Un serpent d’or, tordant ses anneaux finement ciselés, formait comme une poignée sur le couvercle, puis, s’allongeant, redescendait sur un des côtés, et la tête mobile cachait la serrure. Au milieu des arabesques qui fouillaient le bois, un quatrain était gravé. Bussy s’arrêta à le lire :


Ce coffre est clos.
Tu ne peux savoir s’il contient des perles, de l’or, ou
des choses viles.
Pourtant ne dit-on pas que, toujours, les serpents se
couchent au-dessus des trésors ?
Si le coffre ne contient pas des joyaux, pourquoi donc,
sur le couvercle, un serpent déroule-t-il ses anneaux ?


En souriant, le jeune homme souleva la tête du reptile et ouvrit la boîte ! Elle enfermait, en effet, un