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Page:Gautier - La Peau de tigre 1866.djvu/367

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De même que les peintres habiles établissent l’accord des chairs et des draperies par des glacis légers, les femmes blanchissent leur peau, qui paraîtrait bise à côté des moires, des dentelles, des satins, et lui donnent une unité de ton préférable à ces martelages de blanc, de jaune et de rose qu’offrent les teints les plus purs. Au moyen de cette fine poussière, elles font prendre à leur épiderme un mica de marbre, et ôtent à leur teint cette santé rougeaude qui est une grossièreté dans notre civilisation, car elle suppose la prédominance des appétits physiques sur les instincts intellectuels. Peut-être même un vague frisson de pudeur engage-t-il les femmes à poser sur leur col, leurs épaules, leur sein et leurs bras ce léger voile de poussière blanche qui atténue la nudité en lui retirant les chaudes et provocantes couleurs de la vie. La forme se rapproche ainsi de la statuaire ; elle se spiritualise et se purifie. Parlerons-nous du noir des yeux, tant blâmé aussi ? Ces traits marqués allongent les paupières, dessinent l’arc des sourcils, augmentent l’éclat des yeux, et sont comme les coups dé force que les maîtres donnent aux chefs-d’œuvre qu’ils finissent. La mode a raison sur tous les points.

Qu’un grand peintre comme Véronèse peigne l’esca-