Page:Gautier - La Peau de tigre 1866.djvu/69

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quoique brunie, se distinguait toujours, et il disait avec émotion :

— Heureux sang qui as coulé dans ses veines, qui es monté de son cœur à sa tête !

Avec la même sincérité qui nous a fait avouer là-haut que Petit-Pierre n’était pas encore amoureux, nous devons convenir qu’il l’est à présent, et de toutes les forces de son âme. L’image adorée ne le quitte plus. Il la voit dans les arbres, dans les nuages, dans l’écume des cascades. Aussi a-t-il fait d’immenses progrès. Il y a maintenant dans ses dessins un élément qui y manquait : le désir.



V


Un événement très-simple en apparence et qui n’est pas dramatique le moins du monde, mais il faut vous y résigner, car nous vous avons prévenu en commençant que notre histoire ne serait pas compliquée, décida tout à fait de la vocation de Petit-Pierre et vint changer la face de sa vie.