Aller au contenu

Page:Gautier - La Peau de tigre 1866.djvu/71

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un chardon qu’envierait Delaberge ; ce mouton couché est tout à fait dans le goût de Paul Potter.

Quand il eut fini, il se leva, marcha droit à Petit-Pierre, lui prit la main, la secoua cordialement, et lui dit :

— Pardieu ! quoique cela ne soit guère honorable pour nous autres professeurs, mon cher garçon, vous en savez plus que tous mes élèves. Voulez-vous venir à Paris avec moi ? En six mois, je vous montrerai ce qu’on nomme les ficelles du métier ; ensuite, vous marcherez tout seul, et… si vous ne vous arrêtez pas, je peux vous prédire, sans craindre de me compromettre, que vous irez loin.

Petit-Pierre, bien sermonné, bien chapitré, bien prévenu sur les dangers de la Babylone moderne, partit avec le peintre, en compagnie de Fidèle, dont il ne voulut pas se séparer, et que l’artiste lui permit d’emmener, avec cette délicate bonté d’âme qui accompagne toujours le talent. Seulement, Fidèle ne voulut jamais se laisser hisser sur l’impériale, et suivit la voiture dans un étonnement profond, mais rassuré par la figure amicale de son maître, qui lui souriait à travers la portière.

Nous ne suivrons pas jour par jour les progrès de