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Page:Gautier - La Peau de tigre 1866.djvu/75

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pieds, et dans la position que lui avait indiquée la dame à l’album.

La jeune femme resta longtemps en contemplation devant le tableau de Petit-Pierre ; elle en examina attentivement tous les détails, s’avançant et se reculant pour mieux juger de l’effet. Une pensée semblait la préoccuper : elle ouvrit le livret et chercha le numéro de la toile, le nom du peintre et le sujet de son œuvre. Le nom lui était inconnu ; le livret ne contenait que ce seul mot : « Paysage. » Puis, paraissant frappée d’un souvenir lumineux, elle dit quelques mots tout bas à la vieille dame qui l’accompagnait.

Après avoir regardé encore quelques tableaux, mais d’un œil déjà distrait et fatigué, elle sortit.

Petit-Pierre, entraîné sur ses pas par une force magique et craignant de perdre cette trace retrouvée si à propos, suivit la jeune dame de loin et la vit monter en voiture. Se jeter dans un cabriolet, et lui dire de ne pas perdre de vue cette voiture bleue à livrée chamois, fut l’affaire d’une minute pour Petit-Pierre.

Le cocher fouetta énergiquement sa haridelle, et se mit à la poursuite de l’équipage.