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Page:Gautier - La Question des serpentins, paru dans La Science Française, 22 mai 1896.djvu/7

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aspect d’une ville de rêve, comme on n’en voit que dans les contes de fées.

Le malheur est que ce n’est qu’une illusion — qui ne dure guère. Aussitôt qu’il a plu, ou, simplement, que l’atmosphère fuligineuse et corrosive d’une agglomération industrielle de deux millions et demi de laborieuses poitrines a commencé son œuvre, ce n’est plus partout qu’un échevèlement piteux de haillons sans nom, gris, sales et bêtes — un scandale, une horreur !

Le pire, c’est que c’est aussi désastreux qu’ignoble et vilain, nos arbres, dont les jeunes bourgeons sont précisément en train d’éclore, meurtrissant de tous côtés leurs trop tendres pétioles à une insolite cravate ou à un corset saugrenu de papier. Ils n’avaient pourtant pas besoin, les pauvres, de cette gêne nouvelle, eux qui manquent déjà d’air, de lumière et d’espace, et dont les racines